Comment définir et mobiliser les « pratiques efficaces reconnues par la recherche » ?
Loïc Pulido et Stéphane Allaire
Centre de transfert pour la réussite éducative du Québec (CTREQ)RIRE ;
11/2023
The blog of Master and Phd students. Exchange of views, sharing of resources among the members of the group (http://hepnet.upatras.gr), literature and documents database. Ανταλλαγή σκέψεων, απόψεων, υλικού και σχολίων μεταξύ της ομάδας του Δικτύου για τις Πολιτικές της Ανώτατης Εκπαίδευσης (http://hepnet.upatras.gr)
Le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) est un établissement public à caractère scientifique et technologique placé sous la tutelle du ministre chargé de la recherche. Ses principales missions, définies par décret, sont i) d'effectuer, seul ou avec ses partenaires, toutes recherches présentant un intérêt pour l'avancement de la science ainsi que pour le progrès économique, social et culturel du pays ; ii) de contribuer à l'application et à la valorisation des résultats de ces recherches ; iii) de développer l'information scientifique et l'accès aux travaux et données de la recherche, en favorisant l'usage de la langue française ; iv) d’apporter son concours à la formation à la recherche et par la recherche.
Le CNRS couvre tous les domaines de la science. Il est organisé en dix Instituts scientifiques. Il dispose d'un budget total de 3,7 milliards d'euros en 2021, dont 2,8 milliards d'euros (76 %) de subvention pour charges de service public allouée par l'État français, et 0,9 milliard d'euros (24 %) de recettes propres. Le personnel représente 31 876 ETP (équivalent temps plein), dont 23 873 ETP d'agents permanents et 8 003 d'agents non permanents.
La recherche au CNRS est organisée en plus de 1 000 unités de recherche (ou laboratoires), qui sont presque toujours partagées avec d'autres institutions, principalement des universités ainsi que d'autres organismes de recherche nationaux et des grandes écoles. Elles sont appelées « unités mixtes de recherche » ou « UMR ». Les UMR du CNRS comptent 109 800 personnes, soit plus de 40 % de l'effectif total de l'écosystème de la recherche publique française ; 27 % de ces personnes sont des salariés du CNRS. Les UMR du CNRS sont réparties dans plus de 80 villes en France.
Le comité international d'évaluation a été chargé par le Haut Conseil de l'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur (Hcéres) de procéder à une évaluation externe du CNRS pour la période 2017-2021. Le comité était composé de scientifiques et de responsables d'universités, d'organismes de recherche, d'organismes de transfert de technologie et d'entreprises. L'évaluation a porté sur le CNRS dans son ensemble et sur ses interactions avec l'écosystème français de la recherche et de l'enseignement supérieur ; elle ne portait pas sur un examen détaillé des Instituts du CNRS, ou de disciplines scientifiques particulières.
Le processus d'évaluation a inclus l'examen d'un rapport d'auto-évaluation élaboré par la direction du CNRS, ainsi qu'une succession de réunions du comité avant une visite d'une semaine qui a eu lieu du 8 au 12 mai 2023. Le programme de la visite comprenait des discussions approfondies avec la direction du CNRS et de chacun des 10 Instituts, des visites de sites universitaires et d'UMR, des réunions sur place avec des scientifiques juniors et seniors et avec le personnel de support et d’appui, et des réunions avec les partenaires du CNRS universités, entreprises et organismes de recherche nationaux français ou européens. De plus amples détails sur le programme de la visite sont fournis à la fin du rapport. Le comité est très reconnaissant au Hcéres et aux équipes du CNRS pour le soutien qu'ils lui ont apporté tout au long de l'évaluation. * * *
Les principaux éléments du rapport d'évaluation peuvent être résumés comme suit :
1. Appréciation globale. Bien que le comité n'ait pas procédé à un examen approfondi des travaux menés au sein des Instituts et de leurs unités de recherche, il considère que la production scientifique globale du CNRS est forte : la production scientifique issue des UMR est reconnue au niveau mondial et, dans chaque domaine de la science, certaines équipes font partie des leaders mondiaux du domaine. Cependant, les indicateurs de performance qui ont été décrits au comité ont tendance à se concentrer sur les ressources et les moyens (nombre de personnes recrutées dans le cadre d'actions interdisciplinaires, par exemple) plutôt que sur les résultats. Le CNRS bénéficierait d'évaluations régulières des Instituts par des experts internationaux ainsi que des programmes et initiatives transversaux pour attester leur impact sur les principaux défis sociétaux. Des outils de suivi de l'excellence et de l'impact de la recherche, à la fois précis et lisibles pour la communauté scientifique internationale, devraient être développés, ainsi qu'une culture plus forte de l'évaluation internationale et des comparaisons internationales. Le comité recommande également au CNRS de clarifier et de renforcer sa politique scientifique et sa stratégie de partenariat (voir chapitre V).
2. Missions et rôle du CNRS en France. Le CNRS joue un rôle clé dans l'écosystème français de la recherche et de l'enseignement supérieur. Il est dans une position unique pour jouer un rôle de leader dans la recherche française, comme il l’a fait par exemple dans la période récente pour le développement de la science ouverte. Il exerce depuis les années 1960 et continue d'exercer une influence déterminante et positive sur la recherche menée dans les universités et les grandes écoles. Cependant, la situation a profondément changé au cours des dernières décennies, et elle évolue rapidement dans la perspective du développement des universités françaises. Il est nécessaire de repositionner et de clarifier le rôle et la responsabilité du CNRS dans ce contexte en évolution. Il semble également y avoir une certaine tension entre la stratégie du CNRS et celles d'autres organismes nationaux (par exemple Inria, Inserm...) ; il apparaît un manque de coordination globale qui engagerait les différentes parties prenantes (voir chapitre I).
3. Les universités. Les relations entre le CNRS et les universités françaises sont à la fois complexes et évolutives. L'objectif d'atteindre la « situation idéale » où les opportunités scientifiques, les instruments et les méthodes de recherche, et un mélange multi-générationnel de personnes passionnées se rencontrent dans une configuration efficace reste un travail en cours. Le comité formule plusieurs recommandations pour un partenariat plus approfondi et plus complet entre le CNRS et les universités, y compris avec une amélioration de la gouvernance et du « co-management » des UMR, et une contribution accrue des chercheurs CNRS aux activités d'enseignement (voir chapitre IV).
4. Les talents. Le comité a observé qu'il y a une grande fierté à être associé au CNRS. Cependant, il estime que le développement des ressources humaines est un élément sous-estimé et pourtant essentiel de l'impact national du CNRS, qui mérite une attention accrue. Le comité n'a pas eu confirmation de l'existence d'un plan structuré de développement des talents ni d'un système structuré d'accompagnement des carrières. Cette situation est en décalage par rapport aux pratiques courantes dans d'autres institutions internationales. Il n'y a pas de formation obligatoire sur les compétences liées aux ressources humaines (RH) à quelque niveau que ce soit. Cette situation est également en décalage avec les pratiques courantes dans d'autres institutions. Le CNRS gagnerait à établir une culture plus forte de soutien constructif au développement professionnel de ses scientifiques et plus largement de tous ses employés, incluant un échange annuel avec chacun d’eux. Cela permettrait également de relever le défi que représente le traitement des personnels peu performants. La détérioration continue des niveaux de rémunération compétitifs pour les ingénieurs et techniciens (IT) et pour les chercheurs constitue un risque pour le maintien du niveau d'excellence du CNRS. Par ailleurs, le flux bidirectionnel de personnes entre le CNRS et le secteur privé est un élément important du transfert de connaissances et de technologies. Le comité d'évaluation considère que le recrutement et la fidélisation des meilleurs talents, à tous les niveaux et dans toutes les activités, constituent le défi majeur du CNRS (voir chapitre III).
5. Processus administratifs. Le fardeau administratif est trop lourd à tous les niveaux. De plus, la direction générale du CNRS ne semble pas apprécier à sa juste mesure le profond niveau de frustration qui règne dans l'ensemble du système. Il existe un contraste frappant entre les efforts déployés pour accroître l'agilité du transfert de technologie et le manque apparent d’engagement pour remédier d'urgence aux inefficacités administratives. Le personnel administratif est soumis à une pression croissante en raison du manque de ressources, de la complexité des procédures et du taux de renouvellement élevé. Dans de nombreuses unités de recherche, l'insuffisance du soutien administratif et technique, ainsi que les dysfonctionnements des structures administratives, entravent le travail quotidien et constituent un risque à long terme pour le système (voir chapitre IV).
6. Gouvernance. Le comité a constaté que le conseil d'administration du CNRS ne joue pas son rôle stratégique. Il souligne qu'il est de la plus haute importance que le conseil d'administration joue pleinement son rôle et établisse un plan stratégique clair. Par ailleurs, la répartition des principales responsabilités et les principaux processus de décision au sein du CNRS ne sont pas clairs : il y a très peu de transparence sur la façon dont les principales décisions sont préparées et prises, et un manque de clarté sur les orientations stratégiques et les critères sur lesquels ces décisions sont fondées. Le comité apprécie que la direction du CNRS équilibre les tensions entre une approche bottom-up et top-down de la direction scientifique et du management, mais il estime qu'un réexamen des différents rôles et des relations au sein de l’organisation, ainsi que des canaux de communication, est nécessaire (voir chapitre II).
7. L'engagement dans la société. Le comité considère que le CNRS devrait renforcer sa contribution au développement d'une société bien éclairée par la diffusion des connaissances et apprenante, et augmenter le niveau de sa communication à la fois avec le grand public et avec le gouvernement. Le renforcement de la recherche et la mobilisation de l'expertise sur les grands thèmes sociétaux retenus comme priorités du CNRS sont des opportunités pour cet engagement plus fort (voir chapitre VIII).
8. Innovation et transfert de technologie. Des progrès significatifs ont été constatés dans l'engagement et les relations avec le secteur privé. Les efforts déployés pour développer le transfert de technologies, avec un soutien professionnel, des compétences et des personnels accessibles, sont louables. De nombreuses initiatives ont été prises pour soutenir l'innovation et le transfert de technologies. Ces efforts doivent être poursuivis et renforcés, et leur impact devra être évalué. Bien que les chercheurs soient encouragés à entreprendre des activités d'innovation et d'entrepreneuriat, cela n'est souvent pas reconnu dans leur évaluation et leur promotion, et le CNRS doit surmonter cette difficulté. En outre, l'innovation sociale n'est actuellement pas reconnue au même niveau que le transfert de technologies (voir chapitre VI).
9. L'engagement européen. Par sa taille et l'étendue de ses compétences dans tous les domaines scientifiques, le CNRS est dans une position unique pour proposer des programmes ambitieux qui contribuent au succès et au rayonnement de la recherche et de l'innovation européennes. Il doit définir des initiatives ambitieuses et de rupture associant les meilleures institutions européennes, et accroître sa participation aux programmes de recherche et d'innovation de l'Union européenne (voir chapitre VII).
Le comité d'évaluation a identifié 12 recommandations principales, destinées à aider le CNRS à atteindre son plein potentiel, au bénéfice de la communauté scientifique française et mondiale, et de la société dans son ensemble. Il a également identifié les principales forces et faiblesses du CNRS (voir la conclusion de ce rapport).
Recommandations principales
Les analyses du comité d'évaluation ont conduit aux recommandations principales énumérées ci-dessous, qui sont décrites plus en détail dans le corps du rapport. Tout en reconnaissant la qualité du CNRS, ces recommandations visent à permettre au CNRS de réaliser pleinement son potentiel, au bénéfice de la communauté scientifique française et mondiale, et de la société dans son ensemble. Ces recommandations s'adressent principalement au CNRS. Certaines d'entre elles s'adressent également au ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche en vue de la préparation du contrat entre le CNRS et l'État français pour la période 2024-2028.
Les recommandations principales sont énumérées ci-dessous dans l'ordre où elles apparaissent dans le rapport.
Eclairages
Recherche
Mémoires en mémoire
Dossier thématique
Si pratique
En classe
Un oeil sur les médiathèques
Qu'en penser... ?
Introduction
Le regard des mères sur le bien-être des enfants fréquentant une école Démocratique, Tabatha Carton, Charles Glineur, Gwendydd Piret, Loïc Seran, Gaëlle Thollembeek, Kevine L. Djouoyep, Yael Brison et Willy Lahaye
p. 62–86
Recension
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